Artiste en résidence au Pôle Arts Plastiques, Christophe Le Dévéhat a travaillé pendant un an à réinterpréter le paysage cessonnais. En résulte aujourd’hui une exposition photographique intitulée « la sieste du guépard » et sous-titrée « Dans la vitesse du paysage ou l’impossible immobilité« . Accessible à tous, cette exposition est présentée jusqu’au 23 janvier dans le hall du Pont des Arts.
« Ce travail photographique a été réalisé dans le cadre d’une résidence au Pôle Arts Plastiques en 2014 / 2015. Je devais au même titre que les élèves de l’Ecole répondre à cette phrase thématique orientant le travail de l’année : la sieste du guépard.
Dans la poétique de la proposition se posent des questions de vitesse et de lenteur, le guépard est le plus rapide des animaux.
Vitesses lente, rapide, sont des notions techniques essentielles en photographie.
Choisir la lenteur, celle de l’argentique et de son processus chimique contre l’instantanéité électrique du numérique. Choisir la chambre photographique et sa lenteur de mise en œuvre. Choisir enfin de travailler avec une surface sensible très lente, un film technique lithographique, plus destiné à l’imprimerie qu’à la photographie, périmé qui plus est depuis plusieurs années, dont la sensibilité est tombée à moins d’un iso.
Des images du guépard, je retiens le paysage derrière lui , que sa course accélère. Ralentir la course et être dans le paysage, s’accorder à sa vitesse et travailler cette singulière analogie qui fait oeuvrer en « photosynthèse » le végétal et le photographe avec la même énergie lumineuse.
Paradoxe de toute cette immobilité apparente travaillée par les 300 000 km seconde de la lumière.
Les Impressionistes avaient compris que fixer le paysage dans l’immobilité est impossible, que ce n’est que mouvement permanent, une constante pulsation.
Plusieurs séries satellites composent ce corps de travail :
POURSUITES, traversées de la ville en suivant un nuage, le temps d’une pellicule 24 poses. PASSAGERS, vues depuis l’îlot de ronds points, temps fractionné en 128 expositions pour une image correcte, un déclenchement à chaque passage d’un véhicule.
LIGNE DE TRAIN, un temps d’exposition durant le temps du passage du train. L’IMMOBILE TENTATIVE, surimpressions multiples d’un même point de vue en tentant de garder précisément ce même point de vue.
Photographier comme une vaine tentative de ralentir la lumière. » Christophe Le Dévéhat